Géopolitique

Macron et l’Ukraine : la fuite en avant

Ce mardi 12 mars, un texte gouvernemental sera soumis à un vote consultatif de l’Assemblée nationale et du Sénat. Ce texte signé à l’Élysée par Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky le vendredi 16 février dernier comprend des clauses totalement inacceptables aux yeux de la Russie :  l’affirmation de l’intangibilité des frontières de 1991 (et donc de la souveraineté ukrainienne sur la Crimée et le Donbass), le soutien à une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, au nom des intérêts d’une « communauté euro-atlantique » et le soutien à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne malgré les grandes craintes formulée à cet endroit par les agriculteurs de la plupart des pays membres de l’Union européenne. 

Au-delà de la légitimation de l’aide apportée par la France et les autres pays occidentaux à l’Ukraine, cet accord est l’une des pièces du puzzle mis en place par Emmanuel Macron pour tenter d’imposer son leadership personnel en Europe. Les observateurs politiques français les plus aguerris penchent en effet sur la volonté du Président de la République de jouer un rôle politique de premier plan au sein d’ l’UE après 2027, ne pouvant se représenter à l’élection présidentielle française de cette année-là. 

Indigence rhétorique de la majorité présidentielle


L’autre agenda d’Emmanuel Macron est celui de la lutte contre la lente et peut-être inexorable progression du Rassemblement national de Marine Le Pen et de Jordan Bardella. Une formation politique qui caracole en tête des intentions de vote pour les élections européennes, avec un potentiel de plus de 30% si l’on en croit la plupart des instituts de sondages. 

Samedi dernier, 9 mars, à Lille, le Rassemblement national a été la principale cible de la première réunion publique de Valérie Hayer, la tête de liste centriste qui n’a pas hésité à faire un raccourcis historique navrant entre les pacifistes munichois de 1938, paralysés par la peur de l’Allemagne, et les souverainistes d’aujourd’hui qui seraient des agents de Moscou. Une rhétorique tellement pauvre que François Bayrou a dû faire remarquer publiquement que ce n’était pas la bonne méthode pour faire campagne. 

Alors que le pape François a exhorté les Ukrainiens à négocier avec la Russie pour épargner de nombreuses vie humaines, Emmanuel macron a choisi de s’arrimer coûte que coûte au navire Zelensky qui risque pourtant de prendre l’eau dans les semaines ou les mois qui viennent si ‘lon en croit de plus en plus d’experts militaires. Un choix qui pourrait s’avérer très risqué pour les intérêts français et la crédibilité de la diplomatie hexagonale. 

Jacques Cognerais

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