George Soros à Davos en 2011
Un journaliste spécialisé en économie propose dans "Le monde qu’ils veulent" (L’Artilleur) une synthèse passionnante sur l’obsession de la globalisation qui règne parmi les élites politiques et financières mondiales. Du Club de Rome à Emmanuel Macron, on observe des discours semblables, obnubilés par le dépassement des nations et la mise en place d’une gouvernance planétaire.
Jérôme Besnard
18 septembre 2024 à 15:20
Tout part du Club de Rome, une société de pensée malthusienne fondée en 1968, qui publie en 1972 Les limites à la croissance, liant croissance économique, dégâts écologiques et inquiétude face à la croissance démographique. Pour les animateurs du Club de Rome, la gouvernance permettant de répondre aux questions soulevées par leur organisation ne saurait être que mondiale. Et cette gouvernance mondiale souhaite favoriser la croissance des pays du Sud au détriment des États occidentaux, qui sont invités s’appauvrir au bénéfice des puissances émergentes.
Métaphore agricole
Pour décrire l’utopie vers laquelle tendent les tenants d’un nouvel ordre mondial, Ludovic Greiling s’autorise cette comparaison : « Si nous voulions filer la métaphore agricole, nous dirions que la vision mondialiste est celle d’un immense champ unique et plat, une vaste étendue contrôlable du regard, gérable et réadaptable selon les besoins. Il faut coûte que coûte Supprimer les haies, les barrières, les obstacles naturels ou construits de mains d’homme qui font du monde un espace diversifié et complexe. »
L’auteur cible volontiers certains tenant de l’idéologie qu’il remet en cause dans ce livre. C’est le cas de Pascal Lamy, 77 ans, directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de 2005 à 2013 après avoir été commissaire européen en charge du Commerce. Il salue, à raison, son parcours « remarquable par sa cohérence et son activisme dans le temps ». Son action se heurtera néanmoins à une réaction américaine engagée en 2016 par Donald Trump, à l’encontre des engagements de ses prédécesseurs, déjà écornés par Barack Obama.
De l'UE à l'ONU
L’Union européenne constitue pour Manuel Barroso, autre modèle de laudateur de cette révolution en cours, le « terrain d’expérimentation idéal pour la mondialisation ». La construction européenne, telle que la souhaitait, non sans recourir à une subtile méthode d’intégration, l’agent américain socialiste Jean Monnet, est donc celle d’un « bijou de la gouvernance mondiale » pour Ludovic Greiling, tout en lui reconnaissant le caractère contraignant d’un jacobinisme fédéral ».
Après l’UE, c’est au tour de l’ONU de s’attirer les foudres de notre économiste. Et ce à travers les aspirations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dont certains aimeraient bien faire un « organe mondial contraignant ». Il ne faut jamais oublier que l’actuel secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, 75 ans, a présidé l’Internationale socialiste de 1999 à 2005. Une organisation qui n’a jamais renoncée à parvenir aux objectifs du marxisme par les réformes et l’éducation des masses. Son idéologie s’articule parfaitement à celle prônée par le Club de Rome.
Quelles ont les cibles de la nouvelle gouvernance mondiale ? La destruction frontières et de toute autre barrière protectrice, pour commencer. Mais aussi la construction d’un peuple nouveau, que ce soit au niveau européen ou mondial (les fameux « citoyens du mone »). Pour les tenants de la révolution encours, le métissage des sociétés est un objectif revendiqué. Et l’on en arrive évidemment à la vision du monde défendue par le milliardaire américain George Soros, 94 ans, et son Open Society.
Psychologies tourmentées
Quant à Klaus Schwab, 86 ans, le fondateur du Forum économique mondial de Davos, dont l’origine remonte à 1971, Ludovic Greiling pointe ses accents scientistes et messianiques à la fois, dans l’optique revendiquée de parvenir à une « civilisation globale ».
La conclusion de ce livre est que la psychologie des tenants d’un nouvel ordre mondial tend à n’être point froide et rationnelle, comme on pourrait être tenté le croire au premier abord, mais bien prompte à se réjouir des crises susceptibles, à l’instar des pandémies, de faire avancer un agenda convenant à des esprits « tourmentés et violents » pour reprendre des adjectifs utilisés par l’auteur pour qualifier l’état d’esprit de George Soros.
Ludovic Greiling, Le monde qu’ils veulent, L’Artilleur, 200 p., 18 euros.
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