Société

« L’idée, c’est qu’ils partent » : les agriculteurs réagissent face aux gens du voyage

Richebourg, Yvelines, vendredi 6 octobre, 10 h 30. Empruntant une petite route de campagne, nous atterrissons devant un champ, lieu de confrontation entre tracteurs et caravanes de gens du voyage. 
« Une fois de plus, nos champs ont été pris en otage » dénonce à notre micro François Lecoq, agriculteur et adhérent à la Fédération départementale des Syndicats exploitants agricoles (FDSEA). Une communauté de gens du voyage a déposé ses bagages ce lundi sur l’une des parcelles agricoles d’Arnaud Lefebvre, éleveur à Richebourg. Sous surveillance policière, les agriculteurs protestent contre cette situation devenue monnaie courante. Le président de la section locale de la FDSEA de Houdan accuse l’État français de ne pas construire suffisamment d’aires d’accueil pour ces communautés. Une loi de 2000 a pourtant été votée pour garantir un espace de réception pour les nomades. En cas d’infraction, les communes restent néanmoins dépourvues de moyens pour déloger ces personnes.
 
Les paysans ont donc décidé d’utiliser leurs propres moyens pour contre-attaquer : le lisier de porc. « L’idée, c’est qu’ils partent », souligne François Lecoq. Ils montent dans leurs tracteurs, s’approchent du camp en respectant une certaine distance imposée par les gendarmes et déversent les déjections très malodorantes. Un moyen efficace et écologique de faire fuir des squatters. Cela fonctionnera-t-il vraiment ? Les agriculteurs l’espèrent, mais Bernadette Courty, maire de la ville, tempère : « Comme nous n’avons pas les moyens de les expulser s’ils décident de ne pas partir, eh bien, c’est eux qui décident du moment où ils partiront ».

Des terres agricoles prises en otage


« Nous, on a des devoirs, mais on a aussi des droits. Et quand on commence à nous interdire le chemin pour venir sur nos parcelles, on va aller au problème », s’énerve François Lecoq. Le sentiment général reste l’amertume, avec l’impression d’être délaissés par l’État. Les agriculteurs assument la responsabilité ainsi que la charge mentale de déloger ces personnes : « L’agriculture ne pourra pas jouer le rôle d’assistante sociale éternellement ».
Lorsqu’un départ a lieu, c’est au propriétaire des terres agricoles de s’occuper du nettoyage, sans aucune aide des pouvoirs publics. De même les communes doivent ramasser des déchets souvent laissés n’importe où par les nomades. « Là, je ne vous dis pas ce qu’il va rester dans le champ quand ils seront partis », avertit l’agriculteur.
 
Les élus sont également confrontés aux menaces. Jérôme Regnault, conseiller régional, témoigne : « Je sais où tu habites, à quelle heure finissent tes enfants », sont des exemples de mises en garde que les maires reçoivent d’individus malveillants. Le 13 septembre dernier, des personnes de la communauté des gens du voyage sont passées à l’acte en percutant l’adjoint au maire de Villiers-sur-Orge, qui souhaitait les empêcher de s’installer sur un parking. Jérôme Regnault souligne que « ce qui a changé, c’est le type de menaces. Il y a toujours autant de menaces verbales, mais désormais, de plus en plus de maires sont agressés physiquement. ».
La maire de Richebourg elle-même a été « déplacée » par deux individus qui l’ont saisie sous les bras et déposée quelques mètres plus loin, alors elle tentait de s’opposer à l’intrusion de gens du voyage. « Mais ils ont agi avec respect », souligne-t-elle. Ce vendredi 6 octobre, le tribunal administratif a rejeté le recours des gens du voyage contestant l'arrêté préfectoral. Ils vont donc, devoir lever le camp. 

Laura Renoncourt

Soutenez un média 100% indépendant

Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement

Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées

Commentaires

Soyez le premier à ajouter un commentaire

À lire

La jeune garde d’Éric Ciotti promue au sein de l'UDR

Alors que la majorité des caciques LR ont préféré suivre Laurent Wauquiez dans une alliance avec les macronistes, l’ancien président de ce parti mise sur la jeunesse pour structurer sa propre formation politique l’UDR, décidée à nouer des alliances durables avec le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Revue des troupes.

L’OTAN se dote d’un nouveau secrétaire général

L’Organisation du traité de l’Atlantique nord, dont le siège est à Bruxelles, a fêté récemment ses 75 ans d’existence. Bras armée de la puissance américaine en Europe, elle vient de changer de secrétaire général, Mark Rutte succédant à Jens Soltenberg.

Budget : une nouvelle taxation des grandes entreprises

Le président de la République a approuvé l'idée d'une taxation « exceptionnelle » pour les grandes entreprises, après la proposition faite par le Premier ministre, Michel Barnier. Le but est de réduire progressivement la dette de la France alors que le déficit public risque d'atteindre 6 % du PIB cette année.

[Livre] - Une charge très documentée contre les projets révolutionnaires des élites mondiales

Un journaliste spécialisé en économie propose dans "Le monde qu’ils veulent" (L’Artilleur) une synthèse passionnante sur l’obsession de la globalisation qui règne parmi les élites politiques et financières mondiales. Du Club de Rome à Emmanuel Macron, on observe des discours semblables, obnubilés par le dépassement des nations et la mise en place d’une gouvernance planétaire.

Le 19 septembre, l’Empire contre-attaque dans les pages d'OMERTA !

Vous l’attendiez, il arrive ! Le sixième numéro du magazine trimestriel OMERTA saisit l’occasion de la campagne présidentielle américaine qui bat son plein entre Donald Trump et Kamala Harris pour une plongée au cœur de l’Amérique et de ses réseaux en France, en Europe et dans le reste du monde

À Voir

Iran : retour d'expérience sur CNews de Régis Le Sommier

Débat entre Régis Le Sommier et BHL