Village brûlé par la junte militaire, dans la région de Mandalay
Plus d’un an et demi après le coup d’État de la junte militaire, la guerre civile fait toujours rage en Birmanie. Elle a cependant pris un nouveau tournant depuis quelques semaines, alors que les exactions de la dictature militaire se multiplient et la rébellion avance. Entretien avec Jean-François Dubrion, correspondant pour Omerta en Birmanie.
Alexandre de Galzain
7 octobre 2022 à 07:36
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Omerta : Cela fait désormais 20 mois que le coup d’Etat a été réalisé par le général Min Aung Hlaing. Comment se porte Aung San Suu Kyi, l’ancienne présidente et héroïne nationale ?
Jean-François Dubrion : Aung San Suu Kyi vit aujourd’hui dans une prison à Naypyidaw, la capitale du pays. Sa santé est correcte. Cependant, ce sujet commence à manquer d’intérêt : tous les deux ou trois mois, on apprend qu’elle est condamnée à trois ans, quatre ans, cinq ans, ou sept ans de prison. Au total, elle aura probablement cinquante ou cent ans d’incarcération. L’objectif est de l’empêcher de revenir un jour dans la vie politique. Les procès se tiennent en huis-clos et ses avocats n’ont pas le droit de parler à la presse.
Le pays a appris à vivre sans elle. Elle reste un symbole birman, mais n’a plus grand-chose à voir avec la lutte armée qui a remplacé les trois premiers mois de manifestations pacifiques. Il ne faudrait cependant pas qu’elle meure en prison : cela mettrait sans aucun doute le feu aux poudres.
La plupart des combattants sont des minorités ethniques comme les Kachins ou les Karens, qui n’étaient pas très favorables à Aung San Suu Kyi, et encore moins de son père qui voulait faire partir les Anglais, alliés aux minorités.
Militairement, quelle est la situation ?
Certaines minorités ethniques sont déjà en guerre civile depuis cinquante ans. Elles vivent aux frontières grâce à des richesses naturelles comme le pavot. La Chine n’est pas loin, et joue sur les deux tableaux en fournissant des armes aux minorités tout en soutenant le Tat Madaw [NdlR : la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’État de janvier 2021].
La grande nouveauté, c’est que les Chins, un ancien peuple de guerriers vivant à la frontière indienne, s’était toujours tenu tranquille. Or, ils furent parmi les premiers à se rebeller suite au coup d’Etat. L’armée a tenté de mater la révolte. Face à eux, les Chins n’avaient guère que des armes rudimentaires comme des fusils à plomb. Ce qui est …
Alexandre de Galzain
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