Géopolitique

Le Liban sous les bombes

Le Liban, pays souverain, voit ses frontières attaquées par une puissance étrangère, ici Israël... Et pour le moment, aucune condamnation ferme et définitive de l'Occident, hormis quelques prises de parole du président français. "Personne n'a intérêt à l'escalade. L'intégrité, la sécurité et la souveraineté du Liban doivent être préservées" a déclaré Emmanuel Macron, dans une première vidéo, puis "Nous appelons avec force, Israël à cesser l'escalade au Liban et le Hezbollah à cesser les tirs vers Israël. Nous appelons avec force tous ceux qui leur en fournissent les moyens à cesser de le faire" dans une seconde déclaration.

C'est une nouvelle fois contre le Hezbollah que le gouvernement israélien dit agir. Ces attaques aériennes, orchestrées par Tsahal, ont jusque-là évité à Israël un affrontement terrestre, sur le sol libanais. Parmi les victimes de ces attaques ciblées, on retrouve des membres du Hezbollah, mais aussi des civils et des enfants... Le Liban ne reçoit pour le moment que très peu de soutien des Occidentaux depuis le début des bombardements israéliens. Pourtant, c'est une relation de longue date qui lie la France et le Liban. Rappelons déjà que le Liban était sous mandat français jusqu'en 1943.

Mais ce n'est pas tout. Historiquement, la diplomatie française est extrêmement marquée par la volonté de soutenir et de protéger les chrétiens d’Orient, et ce, depuis le Moyen Age et Saint Louis, qui, dès 1248, s'est proclamé protecteur des chrétiens d'Orient, lui et tous les successeurs du trône de France. Saint-Louis : "Nous promettons de vous donner à vous et à tout votre peuple notre protection spéciale comme nous la donnons aux Français". Un statut de pays frère certes, mais qui n’a pas empêché le Liban d’être attaqué en son sein, et ce, depuis des décennies.

Le Liban et Israël, c’est près de 40 ans de guerre

En mai 1948, David Ben Gourion, président du Conseil national juif, proclame l’indépendance d’Israël. Une indépendance, qui entraine dans son sillage le déplacement forcé de 700 000 palestiniens, la Nakba, contraints de se disperser dans les pays arabes voisins. Des milliers de réfugiés palestiniens gagnent alors le Liban et sont répartis dans des camps de fortune. Entre 1960 et 1970, alors que se sont succédé guerre des Six Jours et Septembre noir jordanien, le Liban compte près de 250 000 palestiniens sur son sol. En 1970, l’OLP, le mouvement de libération nationale palestinien, présidé par Yasser Arafat, établit son siège au Liban. Ce pays est alors graduellement impliqué dans le conflit israélo-palestinien, auquel s'adjoint une longue guerre civile entre 1975 et 1990, faisant des centaines de milliers de morts. Cette période est marquée par des violences intracommunautaires qui se divisent, sur fond de conflit israélo-palestinien. C'est dans ce contexte qu'en 1982, Israël envahit le sud du Liban. L'objectif est d'éliminer la résistance de l'OLP et de créer une zone tampon au nord de l'état hébreu. L'opération Paix en Galilée est lancée : 100 000 soldats de Tsahal envahissent le Liban pour atteindre Beyrouth le 11 juin 1982. Le 16 novembre 1985, le mouvement Hezbollah officialise sa création et précise son programme politique et idéologique, avec en ligne directrice : la résistance armée contre l'occupation israélienne au Liban. En 2006, de nouveaux affrontements éclatent entre Israël et le Liban. Un commando du Hezbollah, kidnappe des soldats de Tsahal, qui rétorquent via une offensive terrestre. Au terme de 33 jours de guerre, le Hezbollah gagne ses titres de noblesse pour avoir résisté à Israël. Il est glorifié par les uns et considéré comme une organisation terroriste par les autres.

C'est donc une guerre qui semble éternelle et irréconciliable, qui oppose le Hezbollah libanais à Israël... Mais le Hezbollah n'est plus le même depuis 2006. Il est devenu une branche tentaculaire, avec des ramifications allant jusqu'au Yémen. Aujourd’hui, et depuis le 7 octobre dernier, c'est le soutien inconditionnel, idéologique et militaire du Hezbollah au Hamas, qui est au cœur de ce qui semble être, un nouveau chapitre de la guerre israélo-libanaise. Parmi les réactions internationales quant au risque d'aggravation du conflit, Emmanuel Macron a appelé son homologue iranien à soutenir la désescalade générale. Il a également annoncé ce mercredi 25 septembre, à la suite du conseil de sécurité de l'ONU, que le ministre des Affaires étrangères français se rendra au Liban en cette fin de semaine. L'État hébreu a quant à lui déclaré que son armée se préparait à une possible opération sur le sol libanais.

Vous pouvez également retrouver cet article en format décryptage vidéo, sur notre chaîne YouTube.

Julie Péron

Soutenez un média 100% indépendant

Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement

Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées

Commentaires

Soyez le premier à ajouter un commentaire

À lire

La jeune garde d’Éric Ciotti promue au sein de l'UDR

Alors que la majorité des caciques LR ont préféré suivre Laurent Wauquiez dans une alliance avec les macronistes, l’ancien président de ce parti mise sur la jeunesse pour structurer sa propre formation politique l’UDR, décidée à nouer des alliances durables avec le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Revue des troupes.

Melania Trump s'engage pour l'avortement

Dans ses mémoires, Melania Trump exprime son soutien au droit à l’avortement, une prise de position qui contraste avec celle de son mari, Donald Trump. À l'approche du duel du 5 novembre avec Kamala Harris, la question de l’IVG s'impose comme un enjeu clé.

Budget : une nouvelle taxation des grandes entreprises

Le président de la République a approuvé l'idée d'une taxation « exceptionnelle » pour les grandes entreprises, après la proposition faite par le Premier ministre, Michel Barnier. Le but est de réduire progressivement la dette de la France alors que le déficit public risque d'atteindre 6 % du PIB cette année.

[Livre] - Une charge très documentée contre les projets révolutionnaires des élites mondiales

Un journaliste spécialisé en économie propose dans "Le monde qu’ils veulent" (L’Artilleur) une synthèse passionnante sur l’obsession de la globalisation qui règne parmi les élites politiques et financières mondiales. Du Club de Rome à Emmanuel Macron, on observe des discours semblables, obnubilés par le dépassement des nations et la mise en place d’une gouvernance planétaire.

Le 19 septembre, l’Empire contre-attaque dans les pages d'OMERTA !

Vous l’attendiez, il arrive ! Le sixième numéro du magazine trimestriel OMERTA saisit l’occasion de la campagne présidentielle américaine qui bat son plein entre Donald Trump et Kamala Harris pour une plongée au cœur de l’Amérique et de ses réseaux en France, en Europe et dans le reste du monde

À Voir

Iran : retour d'expérience sur CNews de Régis Le Sommier