Culture

Le déclin d’un monde, de Jean-Baptiste Noé : La fin de l’universalisme européen

La lecture des articles est réservée aux abonnés

 
Rédacteur en chef de l’excellente revue Conflits, l’économiste Jean-Baptiste Noé vient de publier une remarquable synthèse de l’état des lieux géopolitique de la planète, autrement dit un passage en revue des intérêts de puissance à l’œuvre sous nos yeux. Partant du postulat que notre époque se caractérise avant tout par la fin du rêve universaliste européen, il entreprend un tour du monde des conflits, à commencer par ceux qui opposent la Chine et les États-Unis d’une part et la Russie et l’Occident de l’autre. Ses analyses s’appuient dans ce livre sur une quarantaine de cartes. 

Qu’est-ce que l’universalisme pour l’auteur ? Une vision eurocentrée utopique fondée sur le pari de la caducité des frontières et la croyance dans l’extension inexorable du domaine des valeurs occidentales. Malgré l’échec terminal de la politique coloniale, les abcès de fixation illibéraux, de l’Iran de Khomeiny à l’Afghanistan des talibans, et enfin face au réveil des empires endormis (Chine et Russie), nos universalistes se refusent toujours à regarder le nouveau monde en face. 

Pourtant, nous prévient Jean-Baptiste Noé, « la fin de l’universalisme n’est pas un retour en arrière, mais une continuation de l’histoire ». Aux nuées, l’auteur oppose donc une grille de lecture réaliste forgée par la fréquentation des idées politiques libérales (Tocqueville) et la pensée sociale chrétienne (Lyautey), capables d’appréhender le monde tel qu’il est et non comme certains rêveraient qu’il soit. 

L’échec des certitudes universalistes a fait place au retour du champ des possibles et à la diversité des conflits de par le monde, entre antagonismes ethniques au cœur des Balkans ou de l’Afrique et guerres économiques dans le Pacifique. A l’heure où, une nouvelle fois, la guerre fait rage sur le sol européen, il est grand temps de regarder le réel en face. C’est l’utilité de ce livre que d’achever de nous en convaincre, s’il en était encore besoin. 

Jérôme Besnard

Soutenez un média 100% indépendant

Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement

Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées

Commentaires

Soyez le premier à ajouter un commentaire

À lire

Édito : Hausse inquiétante de la délinquance

Le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure a publié le mercredi 28 septembre son rapport 2022 sur l’insécurité et la délinquance. A l’image des années précédentes, l’ensemble des indicateurs sont en hausse.

RSA, les 15 h hebdomadaires bientôt généralisées

Les bénéficiaires du RSA bientôt soumis à un quota d’activité obligatoire ? La mesure a récemment été votée par le Parlement, après des débats houleux. Au-delà du principe même, fustigé par les oppositions, ce sont les conditions d’application du texte qui inquiètent.

Le corridor de Zangezur au cœur des tensions après la dissolution du Haut-Karabagh

Le président du Haut-Karabagh, Samvel Chakhramanian, a annoncé le jeudi 28 septembre la dissolution « de toutes les institutions gouvernementales et organisations […] au 1er janvier 2024 ». Un communiqué, qui intervient une semaine après l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan, dans laquelle sont morts 200 Arméniens. Plus de 65 000 Arméniens du Haut-Karabagh ont déjà fui en Arménie, selon Erevan.

Les poulets ukrainiens menacent l’élevage avicole français

L’UE a autorisé l’importation massive de volailles ukrainiennes. Face à la menace que font peser ces poulets élevés industriellement sur une filière française plus traditionnelle et plus chère, Paris n’a pas jugé bon de faire jouer la clause de sauvegarde. Les éleveurs français résisteront-ils à l’arrivée de 15 à 25 000 tonnes mensuelles de poulets ukrainiens ?

Nous portons plainte

Face à un article diffamatoire de Télérama, le président d’OMERTA réagit et annonce déposer plainte. D’autres plaintes sont également déposées contre Le Monde, Libération et la Lettre A.

À Voir

Iran : retour d'expérience sur CNews de Régis Le Sommier

Débat entre Régis Le Sommier et BHL