Jacques Delors, initiateur des actuelles institutions européennes
En rendant hommage aux Invalides ce vendredi 5 janvier à celui qui présida de 1985 à 1995 la Commission européenne, mort la semaine dernière à l’âge de 98 ans, Emmanuel Macron honore celui qui préférait la société aux institutions politique, la technocratie à la démocratie et la supranationalité à la souveraineté. Retour sur un centrisme qui ne passe pas.
Jérôme Besnard
5 janvier 2024 à 07:16
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« Le centrisme, c’est le vichysme en temps de paix », tempêtait le ministre gaulliste Alexandre Sanguinetti (1913-1980) dans les années 1970. En imposant ses vues européennes à François Mitterrand dans les années 1980, Jacques Delors, issu du syndicalisme chrétien de centre gauche, opposé au républicanisme marxisant des amis de Jean-Pierre Chevènement, vérifiait largement cette assertion. Comme beaucoup d’hommes de Vichy en leurs temps, Jacques Delors, technocrate bancaire de formation, croyait à l’effacement de l’État au profit de la société et à l’Europe nouvelle. D’autre part, comme l’a dit Chevènement à l’annonce de son décès, par le truchement de la Commission européenne « Jacques Delors a infusé dans la politique française une dose de néolibéralisme à toutes celles qu’il eût été possible d’imposer par la voie légale normale ».
En même temps
De la même façon qu’Emmanuel Macron foule aux pieds les définitions du droit constitutionnel en parlant sans cesse d’une « souveraineté européenne » qui s’articulerait avec la souveraineté nationale, Jacques Delors avait inventé le concept inepte de « fédération d’État-nations ». Or, soit un État est unitaire, comme la France, soit il est fédéral, comme l’Allemagne et les États-Unis. De la même façon, Emmanuel Macron, socialiste zombie, se veut à la fois l’héritier de Jean-Pierre Chevènement et celui de Jacques Delors, ce qui constitue une aberration totale en terme de généalogie intellectuelle. Avec Jacques Delors, comme avec Emmanuel Macron, l’héritage de la gauche se limite à un progressisme bon teint.
L’homme de Maastricht
Pour Jacques Delors, la France devait sacrifier ses ambitions mondiales et son statut de grande puissance à un marché commun et à une monnaie unique. Il est l’homme de l’Acte unique de 1986 et du traité de Maastricht de 1992, de l’euro et de l’espace Schengen. Il aura été bien aidé en cela par le ralliement de Jacques Chirac à ses vues face aux tenants de la tradition gaulliste d’indépendance …
Jérôme Besnard
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Commentaires
philippe paternot
Il y a 6 mois
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0
mais avec la collaboration de mitterrand
mikel seb
Il y a 6 mois
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1
Sans passer par les urnes (il a refusé de se présenter en 1995 à l'élection présidentielle!) Jacques Delors a fait un travail de taupe, c'est à dire sans contrôle démocratique.
philippe paternot
Il y a 6 mois
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mikel seb
Il y a 6 mois
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Sans passer par les urnes (il a refusé de se présenter en 1995 à l'élection présidentielle!) Jacques Delors a fait un travail de taupe, c'est à dire sans contrôle démocratique.