Géopolitique

Guerre en Ukraine : Kiev mène actuellement des « actions offensives »

Sur télégramme, une vidéo glaçante circule. Caméra au front, un soldat a filmé quelques minutes d’une des phases offensives menées près de Bakhmout, postée dans la journée du 4 juin. Il fait beau, le temps est clair, mais les images qui défilent sont dures : le soldat court dans une forêt, allant de blessés en blessés, on entend les balles qui sifflent, les obus qui explosent, le râle des mourants. Il s’arrête sur l’un d’eux, qui est prostré au sol, les membres déchirées à plusieurs endroits. Plus loin, un autre a la mâchoire arrachée par un éclat. Il implore la mort. Les uniformes sont verts foncés, on croirait ceux des Russes. Pourtant, la légende indique qu’il s’agit d’un des groupes ukrainiens lancés à l’assaut du sud de Bakhmout ce dimanche 3 juin.

Longtemps annoncée, la contre-offensive ukrainienne en serait-elle à ses débuts ? Ces deux derniers jours, les Ukrainiens sont restés très discrets sur la conduite de leurs opérations, allant jusqu’à publier un clip à destination de la population, pour les inciter au silence. « Nous sommes prêts », faisait savoir Volodymyr Zelensky dimanche. Ce lundi 4 juin, ce sont les médias russes qui relaient que leur armée a repoussé une vaste offensive ukrainienne. Un communiqué du ministère russe de la Défense a affirmé que les attaques repoussées concernaient cinq secteurs du front « dans la direction sud de la région de Donetsk », comme le relaient nos confrères du Parisien. « L'ennemi n'a pas atteint son but », déclarent les Russes. Le ministère de la Défense a également révélé que le chef d'état-major général des forces armées russes, le général Gerasimov, se trouvait à l'un des points de contrôle avancés lors de cette tentative d'offensive des forces armées ukrainiennes.
 
Les Russes évoquent par ailleurs de très lourdes pertes adverses, qui, si elles sont avérées, laisse craindre le pire pour la bonne poursuite des opérations ukrainiennes. Dans l’après-midi, Kiev a reconnu mener des « actions offensives » dans l’est, au sud de Bakhmout. Le groupe Wagner confirme d’ailleurs que les Ukrainiens reprennent pied dans la ville.

Des combats non loin de Vouhledar
 
Plusieurs sources rapportent que des combats ont eu lieu dans la nuit à l’ouest de Vouhledar, Les Russes auraient repoussé une attaque sur le village de Novodonetsk, puis une autre plus à l’est, à Velikonovoselovka. Il semblerait que d’autres troupes ukrainiennes se préparent à renforcer l’assaut sur ce village. Il est difficile de décrypter la stratégie mise en place, mais il pourrait s’agir, de la part des Ukrainiens, des manœuvres préparatoires qui visent à tester le dispositif russe. Novodonetskoye parait être l’un des lieux principaux de l’attaque ukrainienne ; des renforts y sont arrivés pendant la nuit. L'attaque de l’armée ukrainienne a été couronnée de succès dans un premier temps, puisqu’ils ont percé les lignes russes et sont entrés dans Novodonetskoye par le nord. Mais la résistance de l’envahisseur lui a permis de rassembler des renforts pour mener une contre-attaque. Depuis le début de la journée, il semble que le pilonnage russe ait fait reculer les Ukrainiens au nord de Novodonetskoye, en direction de l'ancienne ligne de front.

« Dans le cadre d'une offensive blindée ennemie, il est fréquent que la 1ʳᵉ ligne soit cassée, justifie le combattant pro-russe Erwan Castel sur son fil Telegram. C'est pour cela que qu'une défense efficace est toujours organisée dans la profondeur et place ses forces de réaction rapide en 2e ligne et ses forces de contre-attaque en 3ᵉ ligne. La 1ʳᵉ ligne a pour mission d'encaisser le choc, de renseigner les arrières sur les effectifs, les articulations et les positions ennemies. »
 
Des combats sur le sol russe, près de Belgorod

Depuis quelques semaines, des attaques autour de Belgorod, proche de la frontière côté russe, à quelques dizaines de kilomètres au nord de Kharkiv, sont menées par des unités russes pro-ukrainiennes et des groupes combattants polonais, soutenus par des drones ukrainiens. La région de Belgorod devient une zone grise pour le Kremlin, qui est contraint d’y mobiliser son aviation et son artillerie et d'en évacuer préventivement la population exposée aux tirs. Le doute demeure sur l'identité réelle de ces groupes armée, mais ils sont une carte non négligeable dans le jeu de Kiev.

Mayeul Chemilly

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