Thibault Fouillet, La Guerre au XXIe siècle, Éd. du Rocher
La guerre en Ukraine a bouleversé les conceptions communément admises de la conduite des batailles. Drones, cyber, retour de la guerre d’usure, autant de facteurs qui remettent en cause la suprématie aérienne et technologique des grandes puissances. La lecture de « La Guerre au XXIe siècle » s’avère précieuse pour comprendre ces bouleversements.
Jérôme Besnard
9 novembre 2023 à 11:16
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Un ouvrage collectif, mobilisant une douzaine d’auteurs, étudie le retour de la bataille au cœur des conflits armés. La Guerre au XXIe siècle (éd. du Roche) est une invitation bienvenue à repenser la tactique, trop longtemps éclipsée au profit de la seule stratégie.
La guerre en Ukraine se caractérise depuis un an et demi par des duels d’artillerie et des combats d’infanterie opposant les deux camps sans guère de répit. Ces batailles imposent aux acteurs et aux commentateurs de replonger dans l’étude de la tactique, là où l’ère de la dissuasion nucléaire semblait avoir couronné la stratégie. Pour autant, tactique et stratégie sont liées. Comme le rappelle l’universitaire Olivier Zajec, en bon lecteur de Clausewitz, « toute bataille comporte par essence une dimension politique ».
Quels sont donc les déterminants nouveaux qui caractérisent les conflits du XXIe siècle ? Tout d’abord l’égalisation de la puissance rendue possible par la généralisation de l’emploi des drones. Ensuite, on note l’emploi de nouvelles technologies numériques utilisées au sein de nouveaux espaces de combats, extra-atmosphérique ou cyber. L’échec d’offensives foudroyantes conduit inéluctablement à des guerres d’usure, comme on l’a constaté en Ukraine. Des guerres d’usure qui mobilisent une « économie de guerre » au profit d’une mobilité tactique productrice d’effets concentrés.
« La tactique contemporaine devient en somme plus vaste et plus complexe, avec une bataille simultanée dans tous les milieux et tous les champs de conflictualité pour produire des effets qui doivent s’inscrire dans la durée et nécessitent l’ensemble des capacités disponibles », explique Thibault Fouillet, qui a dirigé cet ouvrage. Ce qui naît sous nos yeux n’est autre que la remise en cause de la suprématie aérienne et technologique des grandes puissances, c’est-à-dire la complexification des opérations s’inscrivant dans des guerres d’attrition. Reste donc « à penser la tactique dans toutes ses dimensions », comme nous …
Jérôme Besnard
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