Géopolitique

Gaza : sous l’hôpital Al-Shifa, le syndrome des bunkers de Saddam

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C’était au mois de juin 2008. L’armée américaine m’avait proposé d’accompagner une unité de la 82e division aéroportée dans le quartier d’Huriya, situé au nord-ouest de Bagdad. Les parachutistes y occupaient l’un de ces bunkers que Saddam Hussein avait disposés aux quatre coins de sa capitale pour impressionner d’éventuels envahisseurs. Vu de l’extérieur et du ciel sans doute, le coffrage de béton semblait d’une grande modernité. À l’intérieur pourtant, on se rendait vite compte que ce n’était qu’un cloaque suintant l’humidité, où les fils électriques dénudés pendaient au plafond, où les latrines dégageaient une odeur infecte et qui n’avait sûrement jamais servi de PC ultra-secret pour armes de destruction massive d’une armée irakienne, jadis qualifiée de quatrième plus puissante au monde.
 
Le lieutenant Georges Feese, qui dirigeait l’unité, m’avait d’ailleurs dit en me montrant nos couchettes disposées au milieu des flaques d’eau : « Vous, les journalistes, vous venez partager notre vie, mais vous pouvez partir quand bon vous semble. Nous, soldats, devons passer six mois dans ce “shit hole” (trou à merde) ». Par la suite, je visiterai plusieurs bunkers de même facture, sans jamais avoir l’impression de pénétrer dans l’antre du Docteur No.
 
Si je rappelle cette anecdote aujourd’hui, c’est que quelques années plus tôt, ces fameux bunkers avaient été représentés dans la presse américaine à l’aide d’infographies en trois D comme les QG d’un tyran prêt à faire sauter la planète. C’était l’époque où la chaîne Fox News menait des débats avec comme intitulé « Should we nuke Baghdad ? » (Devons-nous lancer une bombe atomique sur Bagdad ?). On aurait pu penser qu’après l’épisode en 2001 de la fuite de ben Laden de Tora Bora en Afghanistan, les journalistes auraient appris leur leçon, mais non. Car déjà la presse avait publié des croquis d’édifices souterrains complexes construits sous la montagne avec plusieurs niveaux et de multiples « situation room ». L’arrivée sur place …

Régis Le Sommier

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Commentaires

Claude ROUQUET

Il y a 2 semaines

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Le 18 novembre, les Israéliens ont effectivement découvert un accès au réseau sous-terrain dans le sous-sol de l'hôpital. Cet accès a bien entendu été utilisé par les responsables du Hamas qui se trouvaient dans l'hôpital pour se fuir l'avance israélienne. A suivre.

philippe paternot

Il y a 2 semaines

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quels mensonges ? révélez les nous! qu'on puisse être informé

jean-françois Terral

Il y a 2 semaines

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1

moi je le crois! quand on subi le summum de la barbarie (le 7 octobre) il faut un sang froid et une retenue énormes pour ne pas raser le territoire de l'agresseur !C'est ce que fait Israel, c'est tout à fait respectable

Gerda Stokoe

Il y a 2 semaines

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Le problème est que le "Cry wolf" comme on dit en anglais (crier attention c'est un loup, le crier pour rien), finit par se retourner contre celui qui alerte (Israël en l'occurrence)ce qui entrâine qu'on ne le croit plus, n'en fait plus cas. En résumé, l'Etat israélien ment tellement, tout le temps et de manière si excessive qu'on finit par ne plus le croire.

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