Entretien avec Frédéric Le Moal : ces hommes qui ont fait les fascismes
Au centre, Benito Mussolini.
L’historien des relations internationales Frédéric Le Moal a publié son dernier ouvrage, « Les Hommes de Mussolini ». Il y retrace, par une série de portraits psychologiques et historiques, l’histoire des artisans du régime fasciste, avec une belle plume.
Alexandre de Galzain
9 décembre 2022 à 11:38
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En lisant votre livre, on se rend véritablement compte qu’il y a deux fascismes. Un mussolinien, et un hitlérien, qui déclenchera d’ailleurs la fronde des principaux hommes de Mussolini. Pourquoi ce tournant ? Je ne parlerai pas de fascisme hitlérien, je dirais plutôt que le groupe dirigeant fasciste s’est fracturé autour de la question de l’alliance avec l’Allemagne et de la question des lois racistes et antisémites.
Il faut cependant bien parler de tournant. Dans un premier temps, le fascisme n’est absolument pas antisémite, ce que lui reprochent les nazis ! Il y avait même une hostilité géopolitique à l’Allemagne hitlérienne de la part de l’Italie fasciste, car Mussolini craignait énormément les revendications hitlériennes sur l’Autriche qui auraient débouché sur une revendication sur la province du Trentin, annexée par l’Italie, bien que germanophone.
Jusqu’au milieu des années 1930, l’Italie est plutôt du côté des démocraties dans sa politique allemande. La situation change complètement avec la guerre d’Ethiopie durant laquelle l’Italie se retrouve isolée, sanctionnée par les démocraties et la SDN, ce qui, inévitablement, provoque un tournant germanophile alors que le Reich est de plus en plus puissant et exerce une véritable fascination sur certains fascistes, Mussolini le premier.
Or, une autre partie des dirigeants reste très hostile au nazisme par hostilité à l’Allemagne, rejet du tournant antisémite de 1938 et de faire la guerre avec Hitler. Ils avaient bien vu que d’alliés, ils allaient devenir vassaux, ce qui s’est passé.
Les lieutenants de Mussolini sont nombreux, mais on retient surtout certains comme Italo Balbo, Dino Grandi, ou Galeazzo Ciano. Leurs idées vont du nationalisme catholique au totalitarisme païen. Qu’est-ce qui unissait ces personnes aux origines et opinions diverses ?
Il est très difficile de qualifier le fascisme. On devrait presque en parler au pluriel, « les fascismes », tant il y a eu de courants. Il n’y a jamais eu de corps …
Alexandre de Galzain
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Commentaires
Patrick Jobart
Il y a 3 mois
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0
On peut aussi lire l'excellente biographie : « Le Mystère Mussolini » de Maurizio Serra.
Patrick Jobart
Il y a 3 mois
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