Dissidence : Que reste-t-il d’Alexandre Soljenitsyne ?
Soljenitsyne prenant le train à Vladivostok (Russie) en 1994
Romancier et essayiste russe de génie, Alexandre Soljenitsyne a choisi en son temps d’opposer au modèle concentrationnaire soviétique le retour à la tradition plutôt que les illusions du libéralisme. Il est donc relégué dans un purgatoire littéraire et intellectuel par les tenants de la doxa occidentale. Le 13 février 1974, il y a 50 ans jour pour jour, il était expulsé d'URSS.
Jérôme Besnard
13 février 2024 à 08:24
Partager via
La lecture des articles est réservée aux abonnés
Riche idée qu’a eu la revue Livr’arbitres, dirigée avec une rare abnégation par Patrick Wagner de réaliser un dossier sur l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) à l’occasion du trentième anniversaire de sa venue en Vendée à l’invitation de Philippe de Villiers. Il s’agissait de commémorer aux Luc-sur-Boulogne, le bicentenaire du génocide vendéen. Alors encore exilé aux États-Unis, celui qui a révélé au monde entier l’ampleur du système concentrationnaire soviétique est venu se recueillir sur le lieu où périrent 564 villageois exterminé par les colonnes infernales du général républicain Tureau.
Pour Soljenitsyne, il existe un parallèle entre la résistance paysanne à la Révolution française et celle qui exista en Russie face à la Révolution bolchévique. Mais Soljenitsyne, « c’est avant tout une langue » nous prévient Jean-Louis Bachelet. « Le fait est que la manière de Soljenitsyne est tellement singulière que beaucoup en Russie ne savent plus le lire », poursuit-il. Cette langue, c’est Une journée d’Ivan Denissovitch qui l’a révélé au grand public en 1962 et qui constitue l’amorce d’une œuvre qui lui vaudra l’obtention du Prix Nobel de littérature en 1970.
Critique de l'Occident
Le 11 avril 1975, les Français découvraient l’écrivain sur le plateau de l’émission Apostrophes de Bernard Pivot. Soljenitsyne s’y heurte à la cécité de Jean Daniel, bonne conscience de la gauche française incapable de comprendre ce qui est en train de se passer au même moment au Cambodge. Suite à l’émission, les ventes du livre L’Archipel du Goulag, publié en 1973 par Soljenitsyne avant son expulsion d’URSS l’année suivante, exploseront en France.
En 1978, Soljenitsyne allait prononcer à l’université américaine d’Harvard un discours fustigeant le modèle occidental fondé sur le progrès et la croissance illimitée. Il a intitulé son texte Le déclin du courage. Enfermé dans un « juridisme » excessif, l’Occident aurait, aux yeux du romancier, renoncé lui aussi à la liberté. Il va …
Jérôme Besnard
Soutenez un média 100% indépendant
Pour découvrir la suite, souscrivez à notre offre de pré-abonnement
Participez à l'essor d'un média 100% indépendant
Accédez à tous nos contenus sur le site, l'application mobile et la plateforme vidéo
Profitez de décryptages exclusifs, d'analyses rigoureuses et d'investigations étayées
Soyez le premier à ajouter un commentaire