Agriculture : Ce n’est pas tant la Russie qui manipule que l’Ukraine qui exporte !
Coq photographié sur le marché de Louhans (Saône-et-Loire)
Les influenceurs atlantistes accusent, à l’instar de Nicolas Tenzer, la Russie de manipuler les agriculteurs français et européens qui manifestent leur colère face à la baisse de leurs revenus. Ceux-ci sont pourtant directement affectés par l’ouverture des frontières européennes aux productions agricoles ukrainiennes.
Jacques Cognerais
5 mars 2024 à 15:33
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Superpuissance agricole exportatrice de céréales, l’Ukraine s’est retrouvée, au lendemain de l’agression russe de 2022, dans l’impossibilité d’utiliser sa voie maritime traditionnelle d’exportation par la mer Noire, par où transitait 95 % de sa production. De 6 millions de tonnes par mois, ses exportations ont chuté en dessous de 1 million de tonnes, menaçant la sécurité alimentaire mondiale et affolant quelques peu les marchés. Devant l’urgence, l’Union européenne a réacheminé les cargaisons via les réseaux ferroviaires polonais et roumains. Ce grain ukrainien à bas prix soudainement devenu disponible a été une aubaine pour les industriels européens. Les conséquences de cette concurrence nouvelle n’avaient pas été anticipés par les pouvoirs publics. Cela a donc touché de plein fouet les agriculteurs de l’UE, dès lors confrontés à une chute des prix de leurs productions.
Au total, les exportations agricoles d’Ukraine vers l’UE ont bondi de 176 % entre 2021 et 2023. Qui plus est, elles ont affecté des produits estimées non-conformes aux normes européennes et bien moins chers que les denrées locales. Avant la guerre, l’UE importait 20.000 tonnes de sucre en provenance d’Ukraine, contre 400.000 tonnes aujourd’hui, le pays devenant pour ce produit de première nécessité le deuxième fournisseur des Vingt-Sept derrière le Brésil. Les importations de céréales sont passées de 7,9 millions de tonnes en 2021 à 18 millions en 2023, si l’on en croit le chiffre, encore provisoire, d’Eurostat.
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Jacques Cognerais
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