Randa Kassis, anthropologue, femme politique et femme de lettres franco-syrienne, par ailleurs présidente du Mouvement pour une société pluraliste, est une figure de l’opposition à l’ancien régime baathiste de Bachar al-Assad puis d’Ahmed al-Charaà, alias Abou Mohammed al-Joulani, chef des « égorgeurs modérés » du HTS qui vient d’être adoubé par les présidents Macron et Trump. Après s’être rendue auprès des minorités alaouites, druzes et chrétiennes, puis à Damas, après des années d’exil, Randa Kassis n’est pas plus confiante envers le nouveau régime qu’envers celui des Assad jadis. Elle nous livre son témoignage exclusif sur la nature de ce nouveau pouvoir islamiste prétendument « modéré ». Elle évoque également la naïveté des Occidentaux qui croient pouvoir domestiquer et modérer des djihadistes alors même que ces derniers s’en sont pris de manière barbare aux minorités depuis qu’ils ont pris Damas.
Le président syrien autoproclamé Ahmed al-Charaà, alias Al-Joulani, qui a été le bras droit d’Al-Baghdadi, l’ex-calife de Daech, a été invité à Paris en grande pompe par Emmanuel Macron, ceci alors même que les services secrets américains venaient de confirmer que Joulani a distribué des passeports à des centaines de jihadistes internationaux depuis qu’il est à Damas… Quelques jours après cette rencontre qui a fait polémique, Al-Joulani a carrément été adoubé par Donald Trump à Ryad, en présence de l’homme fort du royaume saoudien, MBS. Qu’en pensez-vous ?
C’est un acte profondément irresponsable de la part d’Emmanuel Macron et de Donald Trump. Commençons par le président français : inviter à Paris un homme qui fut le bras droit d’al-Baghdadi et qui se proclame aujourd’hui leader de la Syrie a consisté à accorder une forme de légitimité à un pouvoir issu d’un courant jihadiste meurtrier. Cela équivaut à une approbation implicite de tous les massacres commis par ce gouvernement, non seulement contre les Syriens, mais aussi contre les victimes françaises du terrorisme. Il ne faut pas oublier qu’Hayat Tahrir al-Cham, dirigé par al-Jolani, a publiquement salué les attentats de Paris de 2015, tout en regrettant que ce ne soit pas son groupe qui les ait perpétrés contre les kuffars. Et encore, le terroriste qui a décapité Samuel Paty était en lien avec des membres du HTS, organisation fondée et dirigée depuis le début par al-Jolani. Aujourd’hui, les services secrets américains confirment que ce dernier distribue des passeports à des centaines de jihadistes étrangers depuis son installation à Damas. Dans ce contexte, le recevoir à Paris n’est pas un acte diplomatique, c’est une trahison des principes fondamentaux de toute démocratie.
Pour ce qui concerne Donald Trump, ce qui me sidère réellement, c’est de voir certains dirigeants occidentaux accueillir sans réserve un homme comme Al-Joulani, oubliant délibérément qu’il a été impliqué dans des attentats qui ont coûté la vie à leurs propres citoyens, y compris américains — notamment en Irak, lorsqu’il était sous les ordres d’Abou Moussab al-Zarqaoui, le précurseur de DAECH auquel a appartenu Joulani. Cette légèreté n’est pas seulement un affront à la mémoire des victimes, elle relève d’une imprudence politique inquiétante, comme si la région pouvait encore encaisser des initiatives aussi irresponsables. Quant à cette rencontre avec Donald Trump, elle ne changera rien de fondamental. La Syrie n’est pas un terrain propice à la stabilité aujourd’hui : l’insécurité persiste, les affrontements se multiplient, et toute tentative de « normalisation » avec des figures comme Al-Joulani ne fera qu’aggraver les tensions. Ce que beaucoup feignent d’ignorer, c’est que derrière cette façade de chef pragmatique se cache toujours le même homme. Même parmi les proches de Trump, nombreux sont ceux qui ne sont pas prêts à mettre leur crédibilité en jeu pour cautionner un tel pari. Ils savent pertinemment que la rhétorique légaliste qu’il adopte actuellement n’est qu’un camouflage temporaire, destiné à faciliter sa mainmise sur le pays. Le secrétaire d’État Marco Rubio l’a d’ailleurs déclaré explicitement : « Al-Joulani nous a demandé de l’aide pour éliminer les djihadistes étrangers. » Une phrase qui, en apparence, semble banale — mais dans les faits, elle risque d’embraser à nouveau les lignes de front, de raviver les rivalités internes et de le livrer, seul, à ceux qui considèrent toute forme de compromis comme une trahison.
Vous vous êtes récemment rendue en Syrie auprès des dirigeants de plusieurs minorités et notamment des Alaouites, et surtout des Druzes, que vous avez rencontrés officiellement dans leur fief du Sud. Quelle a été votre réaction sur les massacres d’au moins 12 Druzes, fin avril-début mai en Syrie, et qui ont suivi ceux des Alaouites encore plus massifs de mars ?
Lors de ma récente visite à Damas ainsi que dans les zones druzes du sud syrien, j’ai pu observer de manière directe les tensions croissantes qui pèsent sur cette communauté. Les événements survenus entre fin avril et début mai, marqués par des attaques ciblées, confirment la dégradation du cadre sécuritaire et l’incapacité persistante des autorités à protéger les minorités. Parallèlement, la montée en puissance de milices armées jihadistes et d’acteurs extrémistes comme Hayat Tahrir al-Cham accentue la fragmentation du territoire. Ce glissement contribue à ancrer une nouvelle forme d’autoritarisme, tout aussi incompatible avec la stabilité et la protection des populations. Les Druzes, comme d’autres minorités, se retrouvent une fois de plus exposés à des violences systémiques, dans l’indifférence générale. Il n’y a rien à espérer de ces groupes islamistes radicaux. Ils n’ont ni parole à tenir ni vision politique crédible. Leur référence n’est pas un État ni une nation, mais une Oumma mythifiée, étrangère aux principes de souveraineté, de droits et de citoyenneté.
Doit-on donc douter des paroles et promesses d’Al Charàà/Joulani qui a affirmé auprès de Macron et de Trump que les islamistes qui ont massacré des Druzes – soi-disant en représailles d’un cas de blasphème druze envers Mahomet – n’étaient pas sous le contrôle de ses troupes ? Ainsi qu’il n’était pas responsable ?
Oui ! Peut-on réellement croire al-Joulani lorsqu’il affirme que les islamistes responsables des massacres récents contre les Druzes — prétendument en représailles à un cas de blasphème envers le prophète Mahomet — n’étaient pas sous son contrôle ? Même si cette version était exacte, elle ne fait que confirmer l’installation progressive d’un ordre obscurantiste, régi par une mentalité médiévale qui reflète parfaitement celle d’al-Jolani et de ses gangs terroristes. Mais il est plus vraisemblable qu’il s’agisse d’un simple prétexte — peut-être même inventé de toutes pièces. Tout indique que les attaques visant les différentes composantes du tissu syrien relèvent d’une stratégie préméditée. Il y a quelques jours, plusieurs membres de la communauté mourchidienne ont été tués. Le plan semble clair : frapper méthodiquement chaque communauté pour les soumettre, les écraser ou les inciter à fuir la Syrie…
D’une manière générale, est-ce vrai que les massacres de druzes, de chrétiens et surtout d’Alaouites ont été réguliers depuis janvier 2025 ? Est-il également vrai que les médias n’ont fait que remonter que les informations ne représentant que la face émergée de l’iceberg ? Taisent-ils de nombreux autres cas qui surviennent partout chaque jour par les « égorgeurs modérés » du HTS et même du CNS ?
Depuis janvier 2025, les violences visant les minorités en Syrie — en particulier les Alaouites, les Druzes et, dans une moindre mesure, les chrétiens — se sont multipliées. De nombreux crimes passent inaperçus, en raison du contrôle exercé par les groupes armés sur le terrain et de l’absence d’accès pour les journalistes indépendants. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, plus de 1 800 civils, majoritairement alaouites, ont été tués entre janvier et mars 2025, dans les gouvernorats de Lattaquié, Tartous, Hama et Homs. Plus de 200 Druzes ont également été tués depuis le début de l’année. Une cinquantaine de femmes alaouites ont été enlevées, probablement destinées à l’exploitation sexuelle, selon des témoignages locaux — des pratiques qui rappellent celles de Daech envers les femmes yézidies. Cinq civils chrétiens ont aussi été tués lors des massacres du 12 mars, et plusieurs incidents récents ont ravivé les tensions autour de cette communauté, notamment à Maaloula. Les enlèvements d’hommes d’affaires se poursuivent, sans distinction communautaire : même des sunnites comme Hashem al-Akkad ont été enlevés par les forces dites de sécurité. Ce ciblage général prouve une fois encore que ce gouvernement n’est qu’une autre face de Daech — avec les mêmes méthodes : la terreur, l’asservissement et la destruction du tissu social syrien. Ces actes ne sont pas le fruit du hasard. Ils traduisent une stratégie claire : frapper chaque composante pour la soumettre, l’écraser ou l’inciter à l’exil, au profit d’un pouvoir fondé sur la brutalité et l’idéologie.
Que répondre à ceux qui disent en milieu sunnite et anti-israélien que ces attaques de Druzes auraient été fomentées par les services secrets israéliens pour justifier l’occupation durable du Golan syrien où vivent la majorité des Druzes ? Que dire également des bombardements dans d’autres zones de Syrie où vivent des Druzes ?
Accuser les services secrets israéliens d’avoir fomenté les massacres de Druzes pour justifier l’occupation du Golan ou les frappes en Syrie relève d’un discours simpliste et profondément irresponsable. C’est prendre les gens pour des imbéciles. Même Al-Joulani, pourtant habitué à fuir toute responsabilité, n’a pas avancé cette théorie. Il s’est contenté de dire, comme toujours, qu’il n’était pas responsable et que les massacres avaient été perpétrés par d’autres jihadistes. Mais le fond du problème, c’est justement lui. Al-Joulani est aujourd’hui l’un des principaux facteurs de déstabilisation de la Syrie. Il représente une menace directe non seulement pour les minorités ou pour l’unité du pays, mais pour toute la région. C’est lui qui justifie, de fait, la consolidation de la présence israélienne sur le Golan — car aucun État ne tolérerait une force jihadiste incontrôlée à ses frontières. Ses idées restent inchangées. Ce ne sont pas des déclarations publiques ou des discours plus lisses qui changent fondamentalement une idéologie. On ne se transforme pas soudainement en acteur modéré simplement parce qu’on en décide ainsi. Le changement, s’il est possible, est un processus long, fondé sur des conditions concrètes, un environnement différent, une remise en cause réelle. Et, dans son cas, rien de tout cela n’est visible.
Comment expliquer le silence complice des Occidentaux, et même des États-Unis qui ont retiré la moitié des soldats américains présents en Syrie ?
Le silence occidental, y compris américain, face à ce qui se passe aujourd’hui en Syrie s’apparente à une forme de complicité passive. L’Europe, en particulier, traverse une phase de déclin stratégique : absence de vision, de leadership et d’initiative. La politique étrangère y est menée comme un exercice d’improvisation, sans cohérence ni cap. Certains dirigeants agissent pour occuper l’espace médiatique, d’autres les imitent comme dans une cour de récréation. On ne perçoit ni constance, ni volonté réelle de comprendre les dynamiques en jeu.
Quant aux États-Unis, ils ont récemment annoncé le retrait de 1 000 soldats sur les 2 000 encore présents en Syrie. Certains éléments de leurs forces se redéploient vers des bases en Irak, proches de la frontière syrienne. Malgré les annonces de retrait en 2025 et 2026, notamment des bases en Irak et dans la région kurde irakienne, il est désormais clair que ce retrait a été repoussé à une date inconnue. Deux bases américaines stratégiques restent pleinement actives, et leur présence à proximité montre que Washington entend garder un œil sur l’évolution du pouvoir syrien, sans pour autant intervenir. Cela a coïncidé avec la chute du régime d’Assad. Il est vrai que sous la présidence Trump, la Syrie n’est pas une priorité. Mais il est peu probable que les États-Unis lèvent les sanctions ou accordent une quelconque reconnaissance à un gouvernement issu de factions jihadistes. Pour l’instant, ils observent, se désengagent partiellement et laissent le terrain se recomposer — quitte à ce que cela se fasse au détriment des civils et des équilibres régionaux.
Quel est le jeu de la Turquie, du Qatar et des Saoudiens dans tout cela ?
Le jeu de la Turquie est clair : prendre le contrôle partiel de ce nouveau gouvernement syrien et établir une présence militaire structurée dans le pays. Ankara vise avant tout à neutraliser les Kurdes de Syrie, qu’elle considère comme sa principale menace stratégique. Le reste — influence politique ou soutien à certaines factions — n’est qu’un moyen au service de cet objectif. Les Qataris, quant à eux, cherchent à maintenir leur influence régionale et à se positionner comme médiateurs dans les conflits, tout en continuant à financer — parfois discrètement — divers groupes jihadistes. Leur approche repose sur une diplomatie à double visage : dialogue d’un côté, soutien idéologique ou logistique de l’autre. Les Saoudiens, sous la direction de MBS, veulent s’imposer comme les nouveaux architectes de la région, les seuls à même d’en fixer les équilibres financiers et politiques. Mais malgré leur volonté d’être des acteurs majeurs, ni eux, ni le Qatar, ni la Turquie ne sont prêts à assumer les coûts réels de la reconstruction syrienne. Prenons l’exemple du Qatar : avec l’assentiment des États-Unis, Doha s’apprête à verser 28 millions de dollars pour couvrir certaines dépenses de l’État, notamment les salaires. Cela reste symbolique. Une goutte d’eau face à l’ampleur des besoins. Aucun de ces États n’a l’intention de reconstruire ce qu’ils ont contribué à fragmenter.
Comment les Iraniens comptent-ils réapparaître en Syrie depuis que les Kurdes ont signé un accord avec Damas ?
L’accord signé entre les Kurdes et Damas est déjà caduc ! Il n’a donné lieu à aucune application concrète, et aucun de ses termes n’a été respecté. Al-Joulani a tout simplement ignoré son existence, en rédigeant une annonce constitutionnelle unilatérale, sans tenir compte ni de cet accord, ni de la diversité ethnique, confessionnelle et politique de la Syrie. Ce texte révèle sans ambiguïté une volonté d’islamiser le pays, en rupture totale avec toute perspective pluraliste ou nationale. Dans ce contexte, l’Iran ne cherche pas à revenir en Syrie de manière visible ou centralisée, mais à travers un réseau de groupes affiliés. Il dispose encore de nombreux relais locaux — milices, unités idéologiquement alignées, agents économiques — capables de maintenir une influence souterraine. Téhéran pourrait aussi capitaliser sur le vide stratégique laissé par le désengagement occidental et sur les divisions entre les acteurs sunnites, pour réactiver ses réseaux et redéployer ses moyens de manière progressive.
Quel est l’avenir de la Syrie inclusive que Charaà/Joulani prétend garantir dans la future constitution ?
L’avenir d’une Syrie inclusive, tel qu’il a été prétendu par al-Joulani dans sa future constitution, est une illusion politique. Il ne s’agira en réalité que d’un gouvernement de façade, composé de pantins et de figurants destinés à donner une apparence de pluralisme. L’objectif est clair : faciliter une normalisation progressive avec certains pays occidentaux, tout en maintenant un contrôle absolu sur les leviers du pouvoir. Il a déjà réussi à se faire reconnaître par Macron et Trump. Mais malgré ses promesses de démocratie future et d’inclusion, Al-Joulani a conservé, et continuera de conserver, tous les ministères régaliens — Défense, Intérieur, Justice — et la majorité des membres de son gouvernement sont étroitement liés à Hayat Tahrir al-Cham. Ce prétendu pouvoir civil n’est qu’un prolongement politique de structures jihadistes.
La nomination, il y a peu, d’Ahmad al-Hayes — alias Hatem Abu Shaqra — à la tête de la 86e division de l’armée syrienne en est l’illustration la plus éclatante. Cet ancien commandant du groupe Ahrar al-Sharqiya est responsable de l’assassinat brutal de la politicienne kurde Hevrin Khalaf en 2019. Sachant qu’Ahrar al-Sharqiya a intégré de nombreux anciens membres de l’État islamique et a été accusé de crimes graves, tels que des enlèvements, des exécutions sommaires et le trafic de femmes yézidies. Cette nomination montre que le nouveau pouvoir syrien ne cherche ni à réformer, ni à inclure, ni à reconstruire. Il recycle des figures radicales sous une couche de vernis institutionnel, tout en poursuivant une logique d’exclusion idéologique et confessionnelle. L’annonce constitutionnelle rédigée unilatéralement par al-Jolani, sans consultation ni respect de la diversité du pays, confirme une volonté claire d’imposer une vision islamiste autoritaire de la Syrie.
Le risque de retour d’une guerre civile est-il élevé ?
Le risque d’un retour à une guerre civile à grande échelle est aujourd’hui très élevé, et il ne faut pas le sous-estimer. La montée du sectarisme est palpable. Ce qui m’inquiète profondément, c’est le niveau de haine que j’observe chez certains sunnites vivant à l’étranger à l’égard des autres composantes ethniques et religieuses du pays. Cette hostilité ouverte ne fait qu’alimenter un climat de confrontation. À cela s’ajoute un facteur particulièrement dangereux : la présence de combattants étrangers jihadistes sur le territoire syrien. Al-Joulani envisage de leur accorder la nationalité syrienne, ce qui constitue une provocation directe pour l’équilibre démographique, politique et social du pays. Une telle décision ne peut qu’exacerber les tensions internes et précipiter un nouvel effondrement, cette fois sous la forme d’un conflit intercommunautaire à grande échelle.
La Syrie peut-elle risquer l’implosion si le régime de Charaa, assis sur une faible base, venait à s’écrouler ?
Oui, la Syrie risque clairement l’implosion si le régime d’al-Joulani, déjà fragile et appuyé sur une base étroite, venait à s’effondrer. C’est précisément pour cette raison que je travaille activement avec plusieurs composantes syriennes, y compris des représentants sunnites, afin de bâtir une alternative crédible : un projet de fédéralisme ou de décentralisation inspiré, par certains aspects, du modèle espagnol. Ce projet vise à préserver l’unité du pays tout en reconnaissant sa diversité. La capitale, Damas, doit rester un espace partagé, pluraliste, comme elle l’a toujours été historiquement. Nous n’avons pas le luxe du temps : la fragmentation avance, les tensions s’aggravent. Mais je crois profondément en ce projet, car il est porté par des Syriens eux-mêmes et il sera financé et construit sans dépendre d’agendas extérieurs.
Propos recueillis par Alexandre Del Valle
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