Alors que Moscou vient de frapper la capitale ukrainienne pour la deuxième fois en deux jours, Marco Rubio s’apprête à rencontrer Sergueï Lavrov en Malaisie dans un climat tendu.
Le secrétaire d’État américain participe à un sommet diplomatique de l’Asean, au moment où la guerre en Ukraine stagne et où Donald Trump menace la région de droits de douane punitifs. Mais malgré la posture offensive de Washington, Moscou continue de tenir tête, tandis que la Chine appelle à un nouvel ordre mondial « plus juste ».
La rencontre entre Marco Rubio et Sergueï Lavrov, prévue en marge de la réunion des chefs de la diplomatie de l’Asie du Sud-Est, intervient dans la foulée d’une salve de missiles et de drones russes sur Kiev. Ces attaques, décrites par les autorités ukrainiennes comme les plus intenses depuis le début du conflit, n’ont toutefois pas modifié la position ferme du Kremlin. Malgré les livraisons d’armes américaines et les déclarations virulentes de Donald Trump, Vladimir Poutine reste inébranlable, déterminé à mener la guerre jusqu’à son terme.
Cette nouvelle séquence diplomatique met en lumière les limites de l’approche américaine. Alors que Trump a promis davantage d’armement à l’Ukraine et qualifié les propos de Poutine de « conneries », l’impasse persiste. La diplomatie de Washington s’épuise, tandis que Moscou consolide ses alliances stratégiques, notamment avec la Corée du Nord, qui a déjà envoyé des soldats et des munitions à la Russie.
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À Kuala Lumpur, la diplomatie américaine doit également affronter l’agacement croissant de ses partenaires asiatiques. Les menaces de Trump d’imposer des tarifs douaniers massifs – allant jusqu’à 50 % – suscitent une vive inquiétude, y compris chez des alliés historiques comme le Japon et la Corée du Sud. Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim a dénoncé une utilisation des droits de douane comme « outils tranchants » au service d’ambitions géopolitiques.
Dans ce contexte, la position russe, soutenue par la Chine, gagne en légitimité auprès de nombreux pays du Sud-Est asiatique. Pékin, par la voix de Wang Yi, a appelé à bâtir un ordre international « plus juste », sans mentionner directement les États-Unis. Une rhétorique qui séduit de plus en plus de pays désireux d’échapper aux pressions américaines.
La visite de Marco Rubio, censée renforcer l’influence des États-Unis en Asie, s’annonce donc périlleuse. Tandis que la Russie continue de faire preuve de résilience et que la Chine marque des points diplomatiques, l’Amérique de Trump peine à convaincre au-delà des postures martiales. Le tête-à-tête avec Lavrov pourrait bien illustrer, une fois encore, la difficulté croissante de Washington à imposer sa vision du monde.