Il a arrêté la guerre, après avoir bombardé l’Iran à coup de GBU-57, quatorze bombes en tout, larguées par bombardier B-2. Cela faisait des années qu’il avait ce plan en tête : éliminer le nucléaire militaire iranien sous les bombes les plus perforantes jamais conçues.
Pour lui, l’opération a été couronnée de succès et comme tout ce qu’accomplit Donald Trump, « Marteau de minuit » – c’est le nom de l’opération – a été largement commentée par ses soins sur son réseau « Truth Social ». En réalité, rien n’indique à ce stade que l’Iran ait renoncé à son programme, ni que les bombes aient anéanti toutes les installations problématiques.
Cette décision du président américain a d’abord été considérée comme une trahison parmi ses fidèles du MAGA (Make America Great Again), presque comme une hérésie. Trump ne s’était-il pas présenté comme le président de la paix, celui qui jamais plus n’engagerait son pays dans des aventures militaires infinies au-delà des mers ? Steve Bannon et Tucker Carlson, fidèles de la première heure, se sont chargés de lui faire comprendre qu’il pourrait tout perdre, que le mouvement qui l’a porté au pouvoir pourrait se désintégrer. Alors, après une montée en puissance, en parallèle d’une accélération des frappes israéliennes qui semblait signifier que les États-Unis allaient s’engager aux côtés d’Israël, il a frappé puis, presque aussitôt, sifflé la fin du match.
Les Iraniens ont riposté symboliquement, et, alors que le cessez-le-feu était annoncé par Trump, ce dernier s’est mis à faire leurs louanges. « Ils ont combattu avec bravoure. » Il se réjouissait que les Iraniens l’aient averti de leur riposte. Ses frappes à lui sur le complexe nucléaire iranien de Fordow avaient elles aussi été, semble-t-il, annoncées à l’avance. Restait à convaincre les Israéliens d’arrêter à leur tour. Ce fut plus difficile. Aucun des objectifs du Premier ministre Benjamin Netanyahou n’ayant été atteint : aucune certitude sur l’élimination de la menace nucléaire, pas de changement de régime. Surtout, pour Israël, il y avait aussi le sentiment que le Dôme de fer avait révélé ses faiblesses au cours de cette guerre de douze jours qui permit à l’Iran de frapper l’État hébreu comme jamais un pays ne l’avait fait jusqu’ici. Pour faire bonne mesure, Trump a ensuite fait l’éloge de Netanyahou, demandant à la justice israélienne d’abandonner les poursuites à son encontre.
Pendant les douze jours de guerre, on a eu parfois le sentiment que la réalité échappait à Trump, que tout ce qu’il disait se révélait faux sur le terrain, que le monde entier le prenait pour un fou. Puis il a réussi à calmer le jeu. Il a pu ainsi tranquillement venir en Europe, au sommet de l’OTAN où les 32 pays membres de l’alliance, à l’exception de l’Espagne, ont accepté de porter à 5 % leur budget militaire. Cela s’est fait presque naturellement. Trump a, à cette occasion, désigné son adversaire, Poutine, avec qui il est « difficile de négocier ». Notons qu’il parle toujours de négocier. Avant le sommet, il a été clément envers la Chine, l’autorisant sans risque de sanctions à se procurer du pétrole en Iran. Trump sait être magnanime. Il est allé loin. Fidèle à son style, il a perturbé son monde. Mais, in fine, le cessez-le-feu tient et ce conflit qu’on jugeait à haut risque, peut-être davantage que l’Ukraine, s’est estompé. Après l’avoir perdu l’espace d’un soir, Donald Trump a récupéré en fanfare son titre de président de la paix.
Voir aussi : OTAN, le règne de Trump
