Israël frappe l’Iran contre l’avis de Trump

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Donald Trump aura finalement laissé Israël y aller seul. Après avoir longtemps tenté d’empêcher l’État hébreu de frapper l’Iran et parfois, dans des moments de frustrations devant la lenteur des négociations, promis de l’accompagner, le président américain a jeté l’éponge. Les frappes de cette nuit, baptisées « Operation Rising Lion », ont donc été massives.

Elles ont touché à la fois les installations militaires et les sites nucléaires iraniens, en particulier celui de Natanz où se situent une bonne partie des centrifugeuses pour l’enrichissement de l’uranium. Des dizaines de scientifiques nucléaires iraniens ont en parallèle été tués, ainsi que le chef des Gardiens de la Révolution iranien, Hossein Salami. Ce dernier est le successeur de Qassem Soleimani, un homme clef dans l’appareil sécuritaire iranien et une figure centrale de la projection militaire de l’Iran au Moyen-Orient. En tout, cinquante personnes auraient perdu la vie. Ces assassinats laissent penser que, depuis la mort du chef du Hamas, Ismaël Haniyeh, lors d’une opération ciblée du Mossad à Téhéran en août l’an dernier, les Israéliens disposent toujours de moyens de surveillance au sein de l’appareil politico-militaire iranien. À l’époque, on avait parlé d’un réseau d’espions au cœur du pouvoir. Cette hypothèse avait notamment été confirmée par Mahmoud Ahmadinejad, l’ancien président de la République d’Iran. L’imminence des frappes était dans toutes les têtes. Il ne s’agissait donc pas d’une surprise pour ces autorités. La télévision d’État iranienne rapportait dans la nuit que le quartier général des gardiens de la révolution situé dans la rue Pirouzi, dans l’est de Téhéran, était en flammes. Pourquoi le chef des Gardiens s’y trouvait-il ? Les Israéliens disposaient-ils d’une manière de surveiller ses allers et venues comme pour l’assassinat d’Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah à Beyrouth ?

Cette opération militaire contre l’Iran durera « autant de jours que nécessaire pour éliminer cette menace », a expliqué, dans un message vidéo, le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Donald Trump avait exhorté plus tôt jeudi son allié israélien avec qui il est en froid à ne pas mener ces opérations, laissant entendre tout de même qu’elles allaient certainement avoir lieu, tout en indiquant que les États-Unis poursuivraient les négociations autour du nucléaire iranien avec comme objectif d’empêcher le pays d’obtenir la bombe atomique.

L’Iran, qui a toujours démenti avoir cet objectif en tête, devait poursuivre le dialogue dimanche avec les Américains à Mascate, au sultanat d’Oman. C’est mal parti cependant. Téhéran s’est déclaré déterminé à augmenter sa production d’uranium enrichi, annonçant la construction d’un nouveau site d’enrichissement, en réponse à l’adoption, jeudi, par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’une résolution le condamnant pour non-respect de ses obligations en matière nucléaire. L’Iran a déclaré en outre tenir les États-Unis pour responsables des frappes d’Israël. À noter la condamnation par l’Arabie saoudite, ce qui éloigne les perspectives d’un rapprochement du royaume avec Israël.

Les frappes de la nuit dernière ne vont certainement pas non plus amener le pays à la raison. Les Israéliens ont promis de continuer à frapper tant que la menace d’un Iran nucléaire ne sera pas circonscrite. Mais comment savoir qu’elle le sera ? Malgré tout son potentiel militaire, éliminer définitivement le risque d’un Iran nucléaire signifierait monter une opération d’envergure au sein même du pays et pas seulement le frapper à partir des airs. Il est de notoriété publique que les Gardiens de la Révolution, cet État dans l’État iranien, ont développé des sites souterrains de lancement de missiles établis à des profondeurs inouïes et quasi-indestructibles. En mars, après des semaines de frappes aériennes contre le Yémen, les Américains avaient finalement signé un traité de paix devant l’impossibilité de venir à bout des Houthis de cette manière. L’ère du « carpet bombing » est révolue, mais les dirigeants occidentaux, et pas qu’eux d’ailleurs, continuent bec et ongles à croire à la force venue des airs et à ses vertus, en particulier à destination de leurs opinions publiques. L’Iran a promis de riposter. La fois dernière, Téhéran avait envoyé une pluie de missiles balistiques et de drones sur Tel Aviv. Les prochains jours seront déterminants pour connaître sa réponse.

OMERTA 8

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