Dans un climat d’escalade militaire attisé par les exigences de Washington, le nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a annoncé ce lundi à Londres un objectif spectaculaire : multiplier par 5 — soit une hausse de 400 % — les capacités de défense aérienne et antimissile de l’Alliance atlantique.
En ligne de mire, comme toujours, la Russie, accusée de « semer la terreur par le ciel » en Ukraine, dans un discours qui recycle à l’identique la rhétorique occidentale depuis 2022.
Cette proposition, qui sera débattue lors du sommet de l’OTAN à La Haye les 24 et 25 juin, marque un tournant : l’OTAN se projette désormais dans une stratégie de confrontation de long terme, même si la guerre en Ukraine devait s’apaiser. Pour Mark Rutte, il faut « un bond en avant » pour protéger l’espace aérien occidental, et ce, alors que le président américain Donald Trump réclame désormais des Européens qu’ils consacrent 5 % de leur PIB à la défense, au risque sinon de voir leur sécurité remise en cause.
Outre le renforcement des défenses aériennes, Rutte a également insisté sur les besoins massifs en matériel lourd : chars, blindés, obus d’artillerie. La militarisation croissante de l’Europe, encouragée par Washington, se poursuit donc à marche forcée, sur fond de surenchère budgétaire et d’intimidation diplomatique. Le Royaume-Uni, modèle de cette stratégie, prévoit la construction de douze sous-marins nucléaires d’attaque et de six usines de munitions.
Si l’OTAN poursuit sa fuite en avant, Moscou n’est pas restée silencieuse. Le Kremlin affirme depuis des mois que l’expansion du bouclier antimissile occidental n’est rien d’autre qu’une provocation stratégique visant à priver la Russie de toute capacité de dissuasion. En poussant ses alliés à l’effort de guerre permanent, l’OTAN semble renoncer à toute perspective de désescalade durable sur le continent.