Dans un climat diplomatique fracturé, la Russie profite du chaos occidental pour reprendre l’avantage stratégique.
Lundi, Moscou a sèchement rejeté la contre-proposition de paix élaborée par l’Union européenne, qualifiée de « non constructive » et totalement déconnectée des réalités du terrain. Une posture d’assurance assumée, alors que le Kremlin salue au contraire les démarches américaines, jugées plus sérieuses et en partie compatibles avec les intérêts russes.
Le contraste est saisissant. Tandis que les Européens multiplient les brouillons de textes, incapables d’afficher une position commune, la Russie adopte l’attitude calme d’un acteur central qui voit ses adversaires s’enfoncer dans la confusion. Les experts notent que Moscou « adore » cette situation où les États-Unis, l’UE et Kiev se contredisent ouvertement. Chaque division occidentale renforce l’image d’une Russie unie, cohérente et sûre de sa ligne.
L’initiative russo-américaine, négociée discrètement, a bouleversé la scène diplomatique. Le premier plan de 28 points, largement favorable à Moscou, a provoqué l’ire de Kiev et des Européens, écartés du processus. Mais la Russie peut désormais se poser en acteur raisonnable, acceptant plusieurs éléments du texte américain tout en jugeant indispensable un dialogue direct avec Washington. À l’inverse, le projet européen – comprenant l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN et le stationnement de troupes occidentales – a été perçu comme une provocation, totalement incompatible avec les intérêts de sécurité russes.
Pour Moscou, le moment était idéal pour reprendre l’initiative. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est fragilisé par un scandale de corruption, affaiblissant sa marge de manœuvre. Washington exerce une pression accrue, tandis que l’Europe peine à dissimuler ses divergences internes. Cette cacophonie renforce la stratégie du Kremlin, qui peut se présenter comme le seul acteur pragmatique cherchant une sortie de crise réaliste alors que l’Occident hésite entre fermeté affichée et concessions discrètes.
Dans ce contexte, la Russie estime que la version américaine pourrait servir de base de travail, une fois expurgée de certains éléments jugés inacceptables, comme les garanties de sécurité accordées à Kiev. Les Européens, eux, apparaissent marginalisés. Leur contre-projet, déjà critiqué pour son incohérence, est analysé par Moscou comme un simple exercice de communication destiné à masquer l’incapacité de l’UE à peser réellement dans le dossier ukrainien.
L’avenir des négociations dépendra désormais de Washington et Moscou, les deux seules puissances capables d’imposer une architecture de sécurité durable. Pour la Russie, le message est clair : toute solution devra reconnaître les réalités territoriales et stratégiques issues du conflit. Tant que l’Occident refusera de s’y conformer, les initiatives européennes resteront, selon le Kremlin, « hors-sol » et vouées à l’échec.





