Le général Abdel Fattah al-Burhane a vivement dénoncé dimanche la « partialité » du groupe de médiation international chargé d’essayer de mettre fin à la guerre civile soudanaise.
Pour le chef de l’armée, la présence des Émirats arabes unis au sein du « Quad » – aux côtés des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte – disqualifie d’emblée l’initiative, tant Abou Dhabi est accusé depuis deux ans d’armer et de soutenir les Forces de soutien rapide, la milice qui affronte l’armée régulière. Il affirme que « le monde entier » a pu constater cette implication, que les Émirats continuent pourtant de nier.
Al-Burhane a également rejeté la dernière proposition de trêve transmise par l’émissaire américain Massad Boulos, jugeant qu’elle était « la pire » jamais envoyée au Soudan. Selon lui, Washington aurait repris presque mot pour mot les exigences et le narratif défendu par Abou Dhabi, renforçant ainsi la suspicion d’un alignement occidental sur les revendications des paramilitaires au détriment de l’État soudanais. Les FSR, de leur côté, ont salué le discours de Donald Trump se disant prêt à mettre fin à la guerre, un enthousiasme qui alimente davantage les doutes quant au rôle de certaines puissances du Golfe dans le conflit.
Le président américain assure vouloir stopper les « atrocités » qui ravagent le Soudan, après une intervention du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Le général al-Burhane a lui aussi signalé vouloir coopérer avec Washington et Riyad, tout en maintenant que toute médiation ne peut réussir tant que les acteurs accusés de soutenir les milices armées demeurent membres du dispositif. Pour l’armée, exclure l’État soudanais du paysage politique – une clause envisagée en septembre par le Quad – revient à légitimer les factions armées responsables de massacres et d’exactions documentées par l’ONU.
Sur le terrain, les FSR, désormais maîtres d’un Darfour ravagé, intensifient leurs opérations au Kordofan, région stratégique et pétrolifère, tandis que les organisations humanitaires continuent d’alerter sur les viols, les pillages et les déplacements massifs de civils. Malgré l’annonce d’une trêve humanitaire début novembre, les combats restent vifs et al-Burhane accuse les médiations actuelles de prolonger l’instabilité en donnant, selon lui, un avantage politique aux milices soutenues de l’extérieur.
Pour Khartoum, la paix ne pourra être atteinte qu’à travers une médiation réellement neutre, débarrassée de l’influence d’intérêts étrangers qui, sous couvert de diplomatie, cherchent à remodeler l’équilibre politique du pays. Une position qui confirme la défiance croissante du Soudan envers les mécanismes internationaux jugés imposés de l’extérieur et incapables de stopper la fragmentation du pays.





