Trump-Poutine : bientôt une nouvelle rencontre ?

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Curieusement, l’information d’une rencontre possible entre les présidents russe et américain a été donnée par le président finlandais, Alexander Stubb.

Pourquoi curieusement ? Parce que parmi les Européens, ce dernier appartient au camp des plus farouches défenseurs de l’Ukraine, en général hostiles à toute forme de compromis avec la Russie. Qu’a dit Stubb ? Que Poutine et Trump pourraient se rencontrer à l’occasion du prochain sommet du G20 en Afrique du Sud à la fin du mois de novembre. En septembre, Donald Trump avait pourtant annoncé qu’il n’assisterait pas à ce sommet, mais qu’il y serait représenté par JD Vance, et ce en raison du traitement réservé aux fermiers blancs par le gouvernement sud-africain qu’il accuse de « génocide ».

De son côté, le Kremlin avait aussi annoncé que Vladimir Poutine n’assisterait pas à ce sommet, mais que la Russie y serait représentée. La possibilité offerte d’une nouvelle rencontre bilatérale en marge du sommet a-t-elle fait changer les deux hommes de point de vue ? Nul ne le sait. Nul ne sait non plus d’où Alexander Stubb tient son information.

Toujours est-il que le ton entre Washington et Moscou a changé ces dernières semaines. Après que les Américains ont, semble-t-il, hésité, ils restent bec et ongles opposés à l’idée de fournir à l’Ukraine les missiles Tomahawk que le président Zelensky ne cesse de réclamer. À ce stade, il est difficile de savoir si Trump se tient du côté ukrainien, ou s’il veut ménager les Russes. Il semble, d’après des déclarations de JD Vance, que Washington se pose désormais en observateur du conflit, laissant volontiers les commandes aux Européens, étant donné que ces derniers leur achètent le matériel nécessaire pour la poursuite de la guerre par l’Ukraine.

Il y a aussi la question du nucléaire qui a refait surface lorsque Vladimir Poutine en tenue de combat a annoncé que le test d’un missile à propulsion nucléaire avait été un succès. L’engin, capable de transporter une tête nucléaire, aurait parcouru la distance de 14 000 kilomètres. Ce qui a beaucoup impressionné Trump. Sachant que les Américains ne disposent pas d’arme équivalente dans leur arsenal, le président a annoncé la reprise d’essais nucléaires par les États-Unis, justifiant sa décision par des informations comme quoi Russes et Chinois en faisaient de même. Cette escalade n’est pas cependant de nature à faire changer Trump une nouvelle fois sur l’Ukraine. Il s’agit plutôt de montrer au monde que les États-Unis entendent rester dans une position dominante.

La situation sur le front ukrainien aussi a changé. Avec les chutes annoncées des villes de Koupiansk et Pokrovsk, l’étau se resserre sur les dernières citadelles qui forment le rideau défensif ukrainien dans le Donbass. On se souvient que Donald Trump avait fait pression sur Volodymyr Zelensky pour qu’il cède les quelques 20% de l’oblast de Donetsk encore aux mains des Ukrainiens en échange d’un gel du front ailleurs, et de la récupération possible d’un certain nombre de territoires conquis par les Russes à Sumi, Kharkov et Dniepro. Zelensky avait refusé. Trump fait désormais le constat que Poutine est en passe de conquérir cette portion du Donbass par les armes. Cela prendra encore un peu de temps, mais la progression russe semble inexorable, d’autant que la géographie désormais va les servir. Les reliefs à l’ouest de Pokrovsk étant nettement moins accidentés que dans le Donbass, on pourrait penser que les Russes seraient tentés de pousser jusqu’au Dniepr qui servirait alors de frontière naturelle. Mais n’allons pas trop vite en besogne. Tout cela prendra du temps, même si un effondrement du front côté ukrainien n’est pas à exclure à un moment donné au vu notamment des problèmes d’effectifs militaires que connaît le pays.

Dans cette perspective, le cadre d’un sommet international serait une aubaine pour une nouvelle rencontre, en ce sens que celle-ci ne contiendrait pas toute la pression de celle d’Anchorage pour obtenir des résultats et aboutir à l’ouverture des négociations, voire à l’obtention d’un cessez-le-feu. L’idée d’organiser une réunion à Budapest avait été écartée par les deux parties, car trop contraignante justement. Trump l’a redit cette semaine à une chaîne américaine. Il reste persuadé que Poutine veut commercer avec lui dans l’avenir et « gagner de l’argent avec nous », et que donc, tôt ou tard, on arrivera à une solution sur le conflit ukrainien. En attendant, ce sont les armes qui parlent. Ce matin, on annonce que la poche de Pokrovsk-Myrnohrad serait refermée, ce qui signifierait que la garnison ukrainienne défendant ces places fortes serait totalement encerclée. La tentative désespérée opérée par Kyrylo Budanov, le chef du HUR, la Direction du renseignement du ministère ukrainien de la Défense, d’envoyer des forces spéciales pour la maintenir ouverte a échoué. J’en veux pour preuve que la zone où s’était posé l’hélicoptère Blackhawk transportant le commando est considérée comme « grise », ce qui signifie au vu de la dynamique sur le terrain qu’elle est désormais aux mains des Russes.

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