Israël a franchi une étape inédite dans sa guerre contre le Hamas en frappant directement Doha, la capitale du Qatar, où se trouvaient plusieurs cadres du mouvement islamiste palestinien.
Selon les autorités israéliennes, cette opération ciblée s’inscrit dans une stratégie visant à éliminer les dirigeants du Hamas, où qu’ils se cachent. Le ministre de la Défense Israël Katz a prévenu que « le bras long » de l’État hébreu n’hésiterait pas à agir dans n’importe quel pays si les conditions imposées par Tel-Aviv, dont la libération des otages israéliens, n’étaient pas respectées.
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou a tenu un discours tout aussi menaçant, directement adressé aux pays du Golfe et aux nations jugées complaisantes avec le Hamas. « Si vous hébergez des terroristes, expulsez-les ou traduisez-les en justice, sinon nous le ferons nous-mêmes », a-t-il lancé. Selon le Hamas, six personnes ont été tuées lors du bombardement, mais les figures de premier plan du mouvement, dont Khaled Mechaal et Khalil al-Hayya, auraient survécu.
L’attaque israélienne a immédiatement déclenché une onde de choc diplomatique. Le Qatar a dénoncé une violation de sa souveraineté et annoncé la tenue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU. Le président américain Donald Trump, soutien affiché de Netanyahou, a lui-même exprimé son mécontentement, jugeant l’opération « inacceptable », tout en réaffirmant que l’élimination du Hamas restait un objectif « louable ». Emmanuel Macron a, de son côté, condamné fermement la frappe.
Cette escalade traduit la volonté de Netanyahou de pousser toujours plus loin ses lignes rouges. Frappes au Liban ou en Syrie, opérations clandestines en Iran : ces précédents paraissaient déjà risqués. Mais bombarder Doha, allié des États-Unis et hôte de la plus grande base militaire américaine de la région, représente un basculement. Les experts estiment que cette décision a été préparée de longue date, notamment après l’attentat de Jérusalem revendiqué par le Hamas.
La stratégie israélienne vise clairement à décapiter la direction extérieure du Hamas, considérée comme un maillon essentiel de la coordination internationale avec Téhéran. Mais elle comporte aussi des risques majeurs : la rupture avec le Qatar, médiateur incontournable, et un durcissement du mouvement islamiste qui pourrait se montrer encore plus inflexible sur la question des otages. Le pari de Netanyahou est donc à la fois militaire et politique, cherchant à prouver qu’Israël n’a plus de limites dans la traque de ses ennemis.
En Israël même, cette démonstration de force devrait renforcer la popularité du Premier ministre auprès de sa base, qui voit dans cette frappe la preuve qu’aucune nation ne peut offrir un sanctuaire aux ennemis de l’État hébreu. Mais sur la scène internationale, le prix diplomatique pourrait être élevé, car plusieurs puissances redoutent désormais que cette logique de guerre sans frontières n’entraîne une déstabilisation accrue de la région et des tensions directes entre alliés de Washington.