L’entretien par visioconférence d’hier entre Donald Trump et les leaders européens se serait, selon plusieurs sources, très mal déroulé.
Déjà un signe ne trompait pas : le départ de l’émissaire de Trump pour l’Ukraine, Steve Witkoff, après vingt minutes d’entretiens n’augurait rien de bon. Trump aurait ensuite accusé les Européens de ne rien faire, de continuer à acheter du pétrole à la Russie (message adressé à ses amis Robert Fico, le Slovaque et Viktor Orbán, le Hongrois) et les pressant de prendre des mesures commerciales contre la Chine. Il aurait dit : c’est votre guerre. Débrouillez-vous !
Trump était sans doute sous le contrecoup de l’immense parade militaire de la place Tiananmen à Pékin la veille, qu’il a dû regarder devant sa télévision à la Maison Blanche en bouillant littéralement. Car il s’agissait d’un bras d’honneur adressé par Xi Jinping à l’Occident, mis devant le fait accompli des avancées technologiques militaires de l’Empire du Milieu.
Le sommet des Européens tombait donc mal en termes de timing. Mais au-delà, le même Witkoff, toujours selon des sources américaines, serait retourné dans son pays, furieux en particulier contre Emmanuel Macron. C’est la persistance du président français à vouloir envoyer des troupes en Ukraine qui pose un problème, alors que pour les Italiens, il n’en est pas question, et pour les Allemands et les Polonais, on préfère ne pas aborder la question… Plusieurs fois, Sergei Lavrov avait expliqué que pour la Russie, une présence quelconque de troupes occidentales était un « casus belli ». Hier, Vladimir Poutine a mis en garde également contre cette éventualité.
Or les Européens, et Macron en particulier, aimeraient embarquer les Américains dans leur projet avec cette clause incluse. Les livraisons d’armes, la question de l’OTAN, restent des chiffons rouges que les Européens continuent à agiter régulièrement. Ils se gardent bien d’aller trop loin, rappelant que cette éventualité d’envoyer des troupes dans un mode de « réassurance » ne pourrait se matérialiser que s’il y a un accord et un cessez-le-feu, que ces troupes ne sont pas destinées à aller en première ligne mais à être stationnées à l’arrière, pour garantir que la Russie ne recommence pas à agresser l’Ukraine.
Il reste que, comment parvenir à un cessez-le-feu, des négociations et même la paix, si l’un des belligérants, celui qui a précisément le vent en poupe sur le front, refuse catégoriquement ce projet. À moins d’un coup d’État à Moscou ou d’un recul brutal des troupes russes sur le front, ce qui semble illusoire, la lubie d’Emmanuel Macron ne verra jamais le jour. Ce sommet s’est donc, une fois encore, payé de mots. Avec les Européens, depuis le retour de Trump, on commence à avoir l’habitude…
Voir aussi : Coalition des volontaires, Trump encore sollicité